***PARTIE 2/2***
Finalement, la conversation fut interrompue par l'enfant de Phallas. Des pleurs se firent entendre et le trio regarda le bébé qui venait d'être réveillé par les cris du nain. Milline fut la première à réagir. Elle mit la cruche de lait sur la table et prit gentiment l'enfant des bras de Phallas. Celui-ci ne fit rien pour l'en empêcher, se contentant juste de regarder Fernond qui respirait profondément, essayant de se calmer.
"Allons, allons, là... doucement..." dit-elle tout en berçant l'enfant "Ne pleure pas, ce n'est rien..."
Puis elle se retira dans la chambre à coucher, tout en chantant une berceuse à voix basse pour tenter de la calmer, laissant son mari et Phallas seuls. Rien ne se passa pendant un moment, et finalement le mage se leva.
"Je dois y aller."
"Hein? Quoi? Maintenant?! Pas si vite!" Le nain bondit, courut vers la porte d'entrée et se mit devant en tendant les bras comme pour la barricader "Tu ne t'en vas pas sans me donner la moindre explication!"
"Je suis désolé, mais je n'ai plus le temps, Fernond." Dit Phallas en recouvrant sa tête de sa capuche grise "Prenez soin d'elle, c'est tout ce que je vous demande. C'est ma fille, mais... elle deviendra la votre aussi. Tu es quelqu'un de bien, Fernond, et ta femme aussi. Je sais qu'elle sera heureuse avec vous."
"Mais-"
"Je te remercie... pour tout." Dit-il alors que ses mains se mirent à briller d'une lueur blanche. "Adieu, mon ami."
"Comment ça adi-" Fernond s'arrêta quand il se rendit compte de ce que le mage allait faire. "Quoi mais!! Oh non, pas si vite, mon grand!!"
Le nain se précipita vers l'homme et plongea. Mais Phallas disparut à ce moment précis Fernond tomba à terre, manquant de peu de se cogner sur un des sièges de la table. "Ouille! Par les dieux!! Phallas, revient ici tout de suite ou je vais te faire bouffer ta cape!!!"
"Fernond!" Milline revint, le regardant avec colère "Ne peux-tu pas baisser d'un ton? La petite dort à nouveau, ce n'est pas le moment de crier!"
"Il est partit, Milline!" Le nain grogna "Sans explication! Bon sang, mais c'est quoi ce bazar?! Qu'est-ce qu’il se passe?!"
La naine ne pouvait pas être en colère avec son mari bien longtemps quand elle se rendit compte que le mage était bel et bien partit. Une situation qu'elle ne comprenait absolument pas non plus. Un ami de longue date de son mari, qu'elle n'avait rencontré qu'une fois le jour de leur mariage, vient et leur confit sa fille avant de partir subitement. Sans aucune explication. Elle soupira et aida son mari à se relever.
Pendant près de deux heures, le couple parlait à voix basse, espérant un retour du mage. Mais Fernond ne se faisait pas d'illusion. Phallas ne reviendra sans doute pas ce soir... Allait-il même revenir un jour? Pourquoi avoir dit "adieu"? Et sa fille?
Trop de questions sans réponse.
"On ne sait même pas son nom."
"Hein?" Il leva les yeux vers sa femme, qui regardait la porte de leur chambre, toujours ouverte.
"J'ai dit qu'on ne savait même pas son nom, à la petite." Dit-elle en soupirant "En a t'elle même un?"
"Forcément! C'est, euh..." Le nain se tut, se sentant un peu idiot. Phallas n'avait effectivement rien dit sur elle, à part qu'elle avait quelques mois. "Ben, en fait... peut-être pas?"
Milline se leva et alla dans la chambre. Elle revint peu après, tenant le bébé toujours enveloppé dans le drap blanc.
"On ne peut quand même pas rien faire..." dit-elle doucement en la regardant. "Elle n'a plus de parents... sauf si... elle pourrait devenir..."
"Milline..." Le nain soupira, comprenant ce que sa femme sous-entendait "Je ne sais pas si c'est une bonne idée. On n'a rien préparé pour élever un enfant, je ne sais même pas si on va arriver à s'en occuper..."
"Je sais... mais on ne saura pas si on n'essaie pas." Un petit bruit se fit entendre et la naine retira un peu la couverture qui enveloppait la petite fille et regarda son visage. L'enfant était de nouveau éveillé. Mais cette fois-ci, elle était calme et regardait le couple. Fernond reconnut les yeux argentés du mage... mais ce qui le surprit fut la couleur de ses cheveux. Ils étaient blancs argentés, alors que ceux de son père sont noirs, comme la pierre d'onyx. "On ne peut quand même pas l'abandonner-"
"Un Bronzeclaw n'abandonne jamais!" dit Fernond en fronçant les sourcils avant de cligner des yeux "Enfin, je veux dire... euh... bon écoute, on la garde pour le moment, on verra plus tard ce qu'on en fait, d'accord?"
"Fait attention à ce que tu dis." Dit-elle en fronçant les sourcils. "C'est une petite fille, Fernond, pas un animal, ni un objet!"
"Oui, bon, excuse-moi mais... je suis un peu fatigué là, il s'est passé... je ne sais pas quoi en si peu de temps, c'est fou..."
"Je le sais bien..." dit-elle en regardant la petite fille "Je le sais bien..."
***
Les semaines qui suivirent furent assez étranges. Désormais, ils étaient trois dans sa maison. Fernond passait la plupart de son temps à observer sa femme, qui semblait apprécier de plus en plus d'avoir la petite avec eux. Bien que cela semble sortir de l'ordinaire, il la comprenait également. Dû à une maladie qu'elle avait eu quand elle était jeune, Milline ne pouvait pas être enceinte. L'arrivée du bébé de Phallas qui fut d'abord une surprise de mauvais goût, représentait à présent pour elle une chance de fonder vraiment une famille avec son mari.
Fernond était un peu plus réticent au début, toujours en colère contre le mage, mais il ne pouvait pas blâmer la petite de cette situation. Elle était innocente. Elle n'était pas non plus un bébé désagréable. Elle n'était pas très calme, mais faisait déjà la plupart de ses nuits, ce qui était une excellente chose pour lui qui aimait dormir presque autant que boire une bonne bière à la taverne. Il ne savait pas encore exactement quoi faire pour la petite humaine, mais au fur et à mesure que le temps passait, il commençait à s'y attacher. Finalement, avoir une enfant n'était peut-être pas une mauvaise chose... surtout quand vous aviez une épouse aussi persévérante que Milline.
"Et ça, c'est un griffon des neiges." Dit-il se tenant devant une petite peinture d'un griffon blanc, le bébé dans ses bras. "Ils sont rares, mais aussi vifs et forts que n'importe quel griffon ordinaire."
La petite fille se contenta de regarder ça avec un petit sourire et en tendant la main, comme pour toucher la bête volante. Cela fit sourire Fernond. "Ca t'intéresse les griffons? Ce sont des créatures libres et sauvages, tu sais... mais magnifiques."
Il savait très bien que le bébé ne comprenait sans doute rien, mais continua quand même. En tant qu'éleveur de griffons, il aimait parler de son métier, et savait que la petite ne l'interromprait pas. "Quand tu seras grande, peut-être que tu pourras en chevaucher un, qui sait? Un griffon ne se laisse pas facilement aborder, mais si tu arrives à lui montrer beaucoup d'attention sans être agressive ni lui montrer de crainte, avec de la patience tu pourras arriver à les admirer de plus près. Tu sais, les griffons des neiges ont vraiment les plus belles plumes, blanches au soleil, avec un léger reflet d'argent... mais dans ma longue carrière, je n'ai que rarement eu l'occasion d'en voir, dommage."
Il regarda la petite, qui maintenant avait l'air de s'intéresser plus à la longue barbe rousse du nain et tirait légèrement dessus.
"Eh bien, tu es distraite facilement, euh... ah oui, zut... t'as pas de prénom." Il grommela, sa bonne humeur disparaissant. Lui et sa femme n'avaient toujours pas réussit à trouver un prénom qui leur plaisait. Il fallait dire que cela lui faisait penser de nouveau à Phallas, ce qui continuait de mettre le nain un peu en rogne.
Le bébé émit un petit rire et regarda Fernond avec ses yeux argentés. Fernond finit par lui rendre son sourire et s'apprêta à dire quelque chose, quand il s'arrêta, regardant la petite fille fixement. Il regarda à nouveau le tableau du griffon blanc, et le bébé à nouveau. Il fit ça à plusieurs reprises, répétant ses mots à voix basse.
"Les plus belles plumes... blanches au soleil, avec un léger reflet d'argent..."
Cheveux blanc argenté, yeux d'argent... Pendant un moment, il ne dit rien, et amena finalement la petite dans le salon, où sa femme préparait le souper.
"Milline?"
"Oui?"
"Je crois que j'ai trouvé un prénom pour la petite..."
***FIN***